UN PEU D'HISTOIRE SUR LE RESTAURANT "CHEZ COLETTE"

 

 

A la fin du XIXème siècle sous l’influence de nombreux retours à Cassuéjouls de certains de ses habitants qui étaient montés à la capitale et qui avaient fait une certaine fortune comme porteurs d’eau mais surtout comme bougnats, gérants de chantier de charbon ou tenanciers ce café notre paroisse se couvrit alors de maisons neuves. Pour en assurer la construction Cassuéjouls n’avait pas à cette époque la capacité nécessaire en maçon, menuisiers, couvreurs. Cette insuffisance eut des échos au Cayrol et surtout en Corrèze. Du premier village nous arriva Monsieur Germain Baldit qui en quelques années développa une véritable entreprise capable de livrer une maison clef en main. Il fut un temps où il eut jusqu’à cinq ouvriers couvrant tout l’éventail des métiers du bâtiment. A la même époque arriva du Limousin – plus précisément de Pandrigue, Monsieur Jean Souris qui lui aussi développa la même activité que Monsieur Baldit au point d’acquérir au recensement de 1911 le titre d’ « entrepreneur ». Avec lui venaient des ouvriers comme Baptiste Boude et Louis Borie de Marc Latour en Corrèze. Malheureusement, incorporé comme maître pointeur au 3ème régiment d’artillerie, il fut mortellement blessé près de Fleury en août 1914, il décéda le 23 août 1914 à l’hôpital de Besançon. Les anciens se souviennent de son épouse Madame Emilie Souris, née Brouzes, épicière, modiste, receveur buraliste et de ses enfants Noël, Marie Antoinette (Madame Pierre Vayssière), Julia (madame Vincent Boix) et Joséphine (Madame Pierre Rieu). Arrivèrent enfin les couvreurs en la personne de Monsieur Jean Berthuméry et Monsieur Baptiste Taysse tous les deux de Pandrigue en Corrèze. Monsieur Taysse était accompagné de son épouse et des ses deux enfants Antoine et Marcelle. Pendant que Monsieur Taysse vaquait à ses occupations de couvreur Madame Taysse s’occupa de jeunes nourrissons dont les parents travaillaient à Paris, telles Odette Valadier, future Madame Porte de La Bancalerie et Renée Dagneau, future Madame Jean Planque. Monsieur Taysse, s’intégra très rapidement à la communauté de Cassuéjouls qui le nomma, dès 1910, garde champêtre. Son fils Monsieur Antoine Taysse, également couvreur, épousa Mademoiselle Maria Batut, née à Saint Amans des Côts. De leur union naquirent trois enfants : Roger qui continua la tradition familiale de couvreur et que nous avons connu installé à Huparlac où son épouse tenait l’une des auberges sur la place du village, Marie Thérèse et Marcel qui a gardé la maison familiale à Cassuéjouls.

A cette liste nous pouvons encore inclure Monsieur Saby, tailleur de pierre venant de Chanac en Corrèze mais, arrivant enfin au sujet de ce petit article, nous voulons nous arrêter à Monsieur Jules Pastissier, lui aussi Corrézien mais de Saint Privat. Il n’était pas maçon ou couvreur mais s’intégra très rapidement au monde agricole de Cassuéjouls et prit après Monsieur Louis Clermont la gestion du café Carrière auquel il adjoignit au décès de Madame Souris la recette de buraliste. En seconde noce il épousa Mademoiselle Rosa Carabasse dont ils eurent deux enfants : Lucienne qui épousera Monsieur Rieu veuf de sa première épouse Mademoiselle Joséphine Souris et René, notre ancien menuisier et père de deux filles Marie Pierre et Colette. Cette dernière créa dans la maison Carrière le restaurant « chez Colette » avant de s’installer dans l’ancienne maison, Vizy Gény dont son grand-père avait été fermier lors de son arrivée à Cassuéjouls.

Voici plusieurs années que devenu propriétaire de ce bâtiment qui en dernier lieu appartenait à Monsieur René Tardieu elle rêvait avec son mari de créer un nouvel établissement plus convivial mais également plus apte à recevoir une clientèle de plus en plus nombreuse attirée par une cuisine authentique servie dans une cadre dont l’architecture soit celle des maisons de la Viadène et de l’Aubrac tout proche.

Cette réalisation est une réussite et l’expression d’un goût très sur. Ils ont su conserver le cadre de la vielle grange aux poutres apparentes aux petits « fenestrous » donnant sur les Conhes ou la cour de la demeure – n’hésitez à quitter un instant le restaurant pour aller admirer du coté droit de la maison, face à la grande croix de fer forgée au début du XIXème siècle par Monsieur Clermont, forgeron du bourg et qui porte témoignage que cette esplanade fut le lieu d’un des premiers cimetière de la paroisse de Cassuéjouls, une très jolie petite fenêtre à la fine arcature ogivale – mais où tout est clair vous invitant à vous retrouver avec quelques amis à discuter avec le papa de la maîtresse des lieux, inventeur du piège à mouche bien connu de tous les pécheurs de la truite, avant de gagner la salle du restaurent pour déguster un de ces repas qui ont fait la renommée depuis de nombreuses années du restaurant « Chez Colette ». Tout rappelle le Haut Rouergue : le comptoir du bar avec en frontispice le jeu de quilles, le pressoir à fromage de Laguiole et bien sur une très belle photographie du bourg de Cassuéjouls et la possibilité d’entendre encore le patois de nos montagnes que bien des natifs du lieu n’ont pas oublié.

Au restaurant quel régal de pouvoir déguster tarte au fromage, petits pâtés aux champignons, confit de canard ou de poule, aligot et truffade accompagnés de quelques vins de Marcillac ou de la vallée du Lot que nous consommerons toujours avec modération. Les pâtisseries maisons sont particulièrement recommandées pour clore ce repas d’amitié. Vous pourrez prolonger ces moments heureux en demandant au papa de votre hôtesse de vous faire admirer les vestiges d’une admirable croix en raquette – peut-être l’une des plus curieuse de notre Viadène qui pourtant en est riche et qui était l’une des deux qui ornait l’ancien cimetière comme en atteste les procès-verbaux des visites de Monseigneur de Paulmy en 1668 et de monseigneur Jean d’Yzé de Saléon en 1738 ; tous les deux évêques de Rodez. Vous pourrez aussi vous promener dans le village à la recherche du vieux four banal ou la tradition dit qu’il y fut cuit le repas du bienheureux François d’Estaing, lui aussi évêque de Rodez, lors d’une de ses visites pastorales en notre paroisse au début du XVIème siècle, des vieilles maisons aux porches cloutés de l’Olmet, ou bien descendre à la source ferrugineuse de La Côte qui a fait rêver à l’eldorado de Cassuéjouls grande ville thermale pendant tout le XIXème siècle, ou vous arrêter à l’église paroissiale toute nouvellement restaurée et qui porte encore dans ses flancs l’écusson aux trois fleurs de lys de la famille d’Estaing qui furent nos seigneurs pendant tout l’Ancien Régime.

L'église de Cassuéjouls et l'ancien restaurant "Chez Colette" vus de la terrasse du nouveau.

Voici une journée à passer à Cassuéjouls avec quelques parents ou ami et qui associera le bonheur des plaisirs de la table dans le cadre charmeur du restaurant de Chez Colette à celui de la visite d’un village qui a su allier modernité et tradition.